Le Bangladesh, cette terre inconnue

Le Bangladesh est rarement une destination favorisée par les voyageurs. Catastrophes naturelles, main d’œuvre sous rémunérée et conflits sociaux-politiques internes sont généralement associés à ce pays. Ce n’est pas sans préjugés et quelques craintes que nous avons préparé notre entrée au Bangladesh.

Première étape, le visa. Très facile si on arrive en avion, mais c’est autre chose pour une entrée terrestre. Pour obtenir un visa depuis Kolkata, ce n’est ni simple ni efficace, mais possible… Après les quelques complexités administratives, des lignes d’attentes chaotiques et une somme astronomique en moins dans nos poches (pour cette partie du monde), nous avons reçu nos visas. L’obtention d’un billet de train se résume grosso-modo à la même procédure!

Même 24 heures avant notre départ le doute plane encore dans nos têtes. La capitale, Dhaka, s’enflamme! Les affrontements entre les partis politiques sont de plus en plus fréquents. C’est bien de vouloir découvrir, mais pas à n’importe quel prix. Nous contactons l’ambassade Canadienne de Dhaka pour avoir un avis sur la situation interne. Leurs propos sont rassurants. Nous vérifions que nous sommes bien inscrits sur la liste des Canadiens visitant ce pays. Nous devons prendre une décision… Nous décidons d’y aller, quitte à ressortir aussi vite. Nous quittons Kolkata aux petites heures du matin avec Eldad, un Israélien qui se rend lui aussi à Dhaka et que nous avons rencontré dans la saga visa et billets de train. Un Israélien? Au Bangladesh? Vous ne le savez peut-être pas, mais il est interdit pour un Israélien d’entrer au Bangladesh. Il y a beaucoup de partage culturels entre la Palestine, La Bande de Gaza et le Bangladesh…et spécialement leur « amour » envers Israël. Heureusement pour lui, il possède aussi un passeport Polonais, gracieuseté de sa mère. C’est donc en train, avec de longs arrêts pour les douanes (Inde et Bangladesh), que nous avons franchi la frontière.

Aucun autobus en feu, aucun coup de feu, pas de manifestants… Mieux vaut ainsi. Par-contre, des policiers en habits anti-émeute sont présents sur plusieurs coins de rues. Ronny, un Bangladais que nous avons rencontré dans le train, nous aide à dénicher un taxi pour nous rendre à notre hôtel. Son aide est précieuse et il se sent responsable de nous. Nous sommes des étrangers dans son pays et nous devons recevoir un bon accueil. Nous avions lu sur la gentillesse et la fascination que les Bangladais pouvaient avoir envers les étrangers, mais l’Inde nous a appris à se méfier des gens trop aidant. Une petite voix intérieure nous disait que cette fois c’était différent… Après quelques conseils et un rendez-vous pour le lendemain, il nous quitte pour se rendre chez lui.

Ronny: «Demain c’est Hartal, vous ne pourrez pas faire grand chose.»

Nous: «Hartal?»

Rony: «Oui Hartal, c’est une journée où tout est fermé ou presque, les gens manifestent…»

Nous avions entendu parler du Hartal, mais nous ne savions pas trop à quoi s’attendre. Effectivement, plusieurs commerces sont fermés. Heureusement pour nous, car les rues étaient beaucoup plus praticables dans cette ville qui est l’une des plus densément peuplée de la planète. Malgré cela, les embouteillages sont omniprésents. Pendant deux jours, nous avons sillonné les rues et ruelles de Dhaka en compagnie de Zafrul, un étudiant en langue qui souhaitait pratiquer son anglais et apprendre sur notre culture. Situation gagnant- gagnant, il connaît la ville et ses secrets, et nous, nous l’aidons à pratiquer son anglais. Nous n’aurions jamais découvert par nous même tous les endroits où nous sommes allés. Encore un Bangladais sur notre route avec une grande gentillesse et générosité. Tourbillon pour les sens: les bruits, les gens et les odeurs affluent de partout. L’Inde semble bien calme en comparaison. Nous découvrons les marchés de légumes, de fruits, de souliers pour ne nommer que ceux là. La rivière qui traverse la ville est opaque (noire) et très peu attirante. Pourtant les gens s’y baignent, lavent leurs vêtements et leurs nourritures.

À notre passage, les gens s’arrêtent pour nous regarder. Un étranger c’est rare ici, imaginez une famille complète. Nous voyons les gens se donner des coups de coudes et se faire des signes en nous pointant. Vraiment, nous sommes dans un pays très peu touristique. Dès que nous nous arrêtons quelque part, une masse de 20-30 personnes se forment autour de nous. Les plus braves osent nous poser des petites questions avec un anglais très limité.

Bangladais: « Which country?» Yan: «Canada» Bangladais: «Wow China, best country in the world!» Yan: «Not China, Canada» Bangladais: «oh… Canada, best country in the world!»

Le soir nous avions rendez-vous avec Ronny. Il souhaitait nous présenter sa femme. Dès leur arrivée, ils sortent une boite de gâteau, un cadeau pour les filles. Nous prenons le thé ensemble et ils nous invitent à souper chez eux le lendemain soir… Pourquoi pas, ce n’est pas tous les jours que nous avons la chance de manger chez des Bangladais. Le lendemain soir, Ronny vient nous chercher à l’hôtel et s’occupe de nous trouver des rickchaws (vélo triporteur) pour nous rendre chez lui. C’est dans des rues bondées et cahoteuses que nous arrivons chez eux. Eldad nous fait mention de la ressemblance entre les quartiers de Gaza et l’endroit où nous sommes, quartiers qu’il a longuement patrouillé lors de son service militaire… Nous ne savions pas trop à quoi s’attendre, mais l’appartement qu’ils partagent avec leurs parents, frères et sœurs est vraiment beau en comparaison avec le quartier où il se trouve. Fatima, la femme de Ronny, nous a préparé un repas digne des rois. La nourriture est excellente et c’est, jusqu’à présent, le meilleur repas que nous ayons mangé pendant notre périple. Autre pays, autres coutumes, c’est seuls que nous mangeons, sans nos hôtes. Ils sont dans le salon, regardant la télévision et venant souvent voir si nous ne manquons de rien… Ensuite, séance de photos aux multiples combinaisons, Angèle avait mal aux joues à force de sourire! À la fin de cette agréable soirée, les gars de la famille nous on fait monter sur leur moto pour le retour à l’hôtel.

Nos premiers pas parmi cette culture sont certes demandant émotivement et énergiquement, mais tellement riches en souvenirs et en découvertes. Nous nous attendions à tout, sauf à cela. C’est un pays avec de graves problèmes internes, mais qui mérite un meilleur sort que celui dont il est victime aujourd’hui. Il nous sera impossible d’oublier notre entrée au pays et notre passage dans cette métropole du monde qu’est Dhaka.

6 réflexions sur “Le Bangladesh, cette terre inconnue

  1. Wow, quel expérience. Pour quelqu’un comme moi qui aime cuisiner, et que les mets indiens sont mes favoris, j’adore les photos des épices. C’est magnifique. Merci de nous faire vivre tout cela avec vous. Bisous a tous, Linda XXX

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  2. Je suis heureux de voir que la vie se charge de mettre des bonnes personnes sur votre chemin. Cela me rassure. De plus, ce sont ces rencontres humaines dont vous vous souviendrez le plus. J’ai d’ailleurs ressenti l’amour entre vous et Fatima et Ronny juste en regardant les photos… Je vous souhaite encore plein de ce genre de rencontres. Je vous aime GROS. XXX Yves

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  3. Wow, Yan quel beau partage: tu nous a transportés dans un monde tellement différent. Les gens semblent plongés dans une grande pauvreté du moins pour la plupart et malgré ces conditions de vie difficiles, on sent bien leur grande générosité envers vous, des étrangers… Wow!

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