Les hauts et les bas d’un treck

Avez-vous déjà fait des trecks? Non
Avez-vous de l’équipement de randonnée? Non
Vous êtes-vous entrainés dans les derniers mois? Non
Combien de temps voudriez-vous partir? On ne sait pas trop, deux semaines?

Parfait, je vous propose l’expédition qui vous amènera au camp de base de l’Annapurna.

C’est cette discussion que nous avons eu avec Rajendra, le propriétaire de l’agence Api Himal et surtout, le gestionnaire de l’orphelinat où nous résidons.

Nous n’avions aucune référence en matière de trekking, mais nous savions, de source sûre, qu’un treck au Népal est une expérience unique, un must. Comme nous n’avions pas d’équipements nécessaires, Rajendra a été en mesure de nous prêter plusieurs articles de randonnée, des vêtements chauds et nous avons complété notre liste avec quelques achats seulement.

Six heures d’autobus sur des routes sinueuses à flanc de montagnes nous font parcourir les 180km qui nous séparent de Pokkara. C’est à cet endroit que nous rencontrons notre équipe. C’est possible de vivre l’aventure sans être accompagnés, mais pour nous, c’est une équipe de trois personnes qui seront à nos côtés: Gautam 24 ans, notre guide et nos deux porteurs, Krishna 22 ans et Ramesh 37 ans, ils alterneront dans la lourde tâche du transport de notre sac et de notre Corail!

On nous avait prévenus que la 1ère journée était difficile. Une montée continue pendant 6 heures incluant, vers la fin, plus de 4000 marches. Disons simplement que nous étions heureux d’arriver à notre première destination dans notre petit tea house (petits hôtels très sommaires où nous dormirons pendant le treck).

Ce n’est qu’à la deuxième et à la troisième journée que nous avons réalisé que chaque jour serait une épreuve… Montées abruptes, descentes abruptes, c’est ce qui résume le dénivelé de chaque journée. Même si nous dormions à la même élévation deux soirs de suite, des descentes nous attendaient pour mieux remonter par la suite. L’oxygène est aussi plus rare quand nous sommes en altitude. La plupart de nos journées étaient entre 2000 et 3000 mètres et notre système respiratoire, pendant l’effort, nous rappelait où nous étions.

Il faut oublier les beaux sentiers larges et bien tapés. Roches, racines, trous, bouettes, ruisseaux, ponts sommaires, il fallait constamment regarder où l’on mettait les pieds. Une autre épreuve pour nous fût la pluie. Chaque jour, en début d’après-midi, la pluie se mettait de la partie. Nous avons rapidement remarqué cette tendance et nous tentions de marcher tôt le matin pour arriver à notre destination avant celle-ci. Cela nous permettait de profiter du soleil et du ciel bleu pendant nos heures de marche, mais pas tous les jours… Notre mémorable jour quatre fût sous la pluie du début à la fin.

Quelqu’un devra m’expliquer pourquoi plus l’on monte dans les montagnes, plus il fait froid, on est plus près du soleil non? Bref, le froid a été un autre de nos ennemis. Les nuits se situaient entre 0C et 5C et une humidité constante flottait dans l’air. Sans aucun chauffage et dans des chambres non isolées, ce n’est pas chaud! Nous avons eu plus froid que lorsque nous sommes au Québec en plein hiver! Nous qui voulions éviter le froid cette année… Au moins nous avions des sacs de couchage qui nous ont permis de bien dormir.

Épreuve supplémentaire, mes pieds ne m’ont pas rendu la vie facile. Ampoules au sang sur les deux talons dès le premier jour… et au jour trois, lors d’une descente d’environ deux heures, mes deux gros orteils ont tellement cogné dans mes chaussures qu’ils ont été enflés tout le reste du treck et mes ongles sont maintenant tous bleus. Ils vont tomber dans les prochaines semaines, juste à temps pour la saison des sandales!

Si nous avions su le niveau de difficulté du treck ainsi que les conditions, nous ne nous serions pas embarqués dans cette folle aventure. Toutefois, le fait d’y avoir plongé les yeux fermés nous a permis de vivre des moments magnifiques et de vivre une expérience unique de dépassement de soi.

Je n’oublierai jamais nos fous rire lorsqu’en arrivant dans notre chambre, nous enlevions nos vêtements mouillés et embarquions dans les sacs de couchage où nous nous collions, nous chatouillons et nous racontions des niaiseries.

Je ne pourrai oublier les paysages magnifiques que nous avons vus. Les rhododendrons en fleurs étaient féeriques, Corail disait que nous étions au pays des fleurs. Les pics enneigés au loin étaient éblouissants. On aurait dit que les monts avoisinants se prosternaient devant ces montagnes majestueuses.

Je n’oublierai jamais la fierté que j’ai éprouvée envers Céleste. Souvent elle peut être négative et avoir le chialage un peu facile. Toutefois, elle s’est comporté en championne du début à la fin. J’avoue que certaines journées, je me plaignais plus qu’elle! Elle nous a vraiment impressionnés. Corail de son côté était très patiente. Elle avait d’excellents porteurs qui lui cueillaient des fleurs et lui montraient des papillons. Chaque jour, elle s’endormait sur leur dos. Lors de nos arrêts, elle voulait courir partout et jouer, mais nous, nous ne voulions plus bouger d’un poil!

J’ai aussi été fasciné de réaliser que pour plusieurs Népalais, ces conditions sont leurs quotidiens et seuls quelques jours de marche peuvent les ramener à une route. Les sherpas que nous croisions portaient des charges énormes pour acheminer la nourriture dans ces villages éloignés. Des petits chevaux transportent aussi des denrées en début de parcours, mais à un certain moment, ce ne sont plus que les hommes. Nous avons adoré lorsque nous avons croisé des troupeaux de centaines de moutons ou de chèvres avec leurs bergers qui fermaient la marche en poussant les retardataires.

L’objectif de notre aventure était d’atteindre le camp de base de l’Annapurna situé à 4130m d’altitude. À cette altitude, la neige y est abondante. Nous avons eu nos premières accumulations au sol environ 3h avant d’atteindre le camp de base. Cette fois, la température avoisinait les -10C (toujours pas de chauffage…). C’est dans un petit blizzard que nous avons parcouru notre dernière heure pour finalement atteindre notre but. Heureusement, le lendemain matin, ce fut la révélation: un ciel clair avec des montagnes tout autour de nous dont l’Annapurna, trônant fièrement à 8091m. Fiers de l’avoir atteint, rien n’est encore terminé… Redescendre dans la neige était amusant au début, un petit jogging était parfois plus facile pour nous empêcher de glisser, mais ensuite viennent la glace et la boue qui se mélangent et rendent la piste très ardue.

Une belle récompense est arrivée deux jours plus tard lorsque nous avons profité de sources d’eau chaude émanant de la montagne, un spa naturel! Cela faisait tellement de bien de s’asseoir dans l’eau chaude, nous pouvions presque entendre nos muscles dire merci! Nos trois accompagnateurs en profitaient autant que nous! Nous étions tellement contents et fiers de nous quand nous avons complété l’itinéraire. Repos, chips, liqueur et télévision ont fait du bien le lendemain.

Au total ce sont 11 jours en treck incluant un jour de repos et plus de 150km de marche. Malgré les difficultés, ce sont les beaux moments, les fous rire et les paysages à couper le souffle que nous allons graver dans notre mémoire pour cette expérience éprouvante, émouvante et si enrichissante!

Annapurna

 

8 réflexions sur “Les hauts et les bas d’un treck

    • Ça me rappelle de bons souvenirs de l’Annapurna 1976 et 77. Oui c’était très difficile. Je crois que l’on a mangé sans arrêt pendant 2 jours au retour. Un MUST en Asie effectivement

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  1. Merci encore une fois d’avoir pris le temps de nous partager votre aventure. Bien qu’elle ait été empreinte de moment difficile, j’ai pu saisir aussi le grandiose de l’événement. En te lisant, j’ai senti l’aspect éprouvant, mais j’ai également ressenti les émotions de joie, d’émerveillement et de satisfaction personnelle quant à la réalisation de soi, spécialement pour notre Céleste Nationale!!! Tout en nous faisant bien comprendre le fou de cette aventure, tu nous as transmis ton regard positif, qui reflète bien ta philosophie de vie en général, en me faisant rire à plusieurs reprises, Profitez pleinement des derniers jours de ce rêve incroyable que vous avez réalisé. Sûrement quelques jours de repos sont à l’horaire avant votre retour, et moi je ne pense pas trop au 29 avril, car je deviens inefficace, juste fo-folle… love you so so much MoM, MoM2, Mamie-Claire et Mamounette….. hi hi hi

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  2. Salut la petite famille aventureuse, c’est toujours un plaisir de lire chacune de vos aventures. J’ai la sensation que je vais vous retrouver beaucoup changé de votre voyage. Un si grand dépaysement et une aussi grande diversité en si peu de temps… Quel processus… Je trouve que vous profitez bien de vos vies, au plaisir de vous retrouver bientôt.

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  3. Bravo! Imaginons votre groupe qui s empile pour former une montagne, un par-dessus l autre. Le guide , les porteurs, papa maman Céleste et la cerise Corail! Qui a le plus chaud d’après vous!
    Bonne fin de voyage

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