Les extrêmes de Mumbai – partie 2: Bidonville

Si le luxe, l’extravagance et la belle vie étaient à l’honneur lors de notre passage à Bollywood, c’est dans une toute autre réalité que nous avons basculé le lendemain. Dans le cadre d’une visite offerte par la compagnie Reality tours and travel, nous avons découvert Dharavi. Qu’est ce que Dharavi? C’est l’un des plus grands bidonvilles d’Asie. D’une superficie de 1,75km2, le bidonville regroupe une population d’un million d’habitants. Prenez quelques instants pour vous imaginer cette densité… Pour respecter l’intimité des gens, les appareils-photo sont interdits pendant le tour. Les photos sont fournies par l’agence et reflètent bien ce que nous avons vécu.

Qu’est-ce qu’un bidonville? C’est un regroupement d’habitation sur des terres dont les occupants ne sont pas propriétaire. Au départ, ce sont quelques squatteurs qui bâtissent des habitations sommaires. Le tout grossit rapidement, les maisons s’empilent, les matériaux sont plus solides, le bidonville prend vie. Aujourd’hui Dharavi n’est plus un lieu de temporaire de squatteurs, c’est une ville en soi. Il y a un quartier industriel et des quartiers résidentiels divisant hindou et musulman. Les gens paient des loyers pour y demeurer. Les mieux nantis vont agrandir leur demeure vers le haut (puisque l’espace terrain est au maximum) et louer des espaces à d’autres. L’électricité est fournie par le gouvernement et il y a de l’eau courante 3-4 heures par jour. Je ne sais par quel système, mais il y a un système postal (très fiable nous disent-ils).

Plus de 60% de la population de Mumbai vit dans un bidonville. Il n’y a pas que des pauvres qui y vivent. La plupart des gens qui y vivent ont des emplois, mais y restent par choix ou par manque d’options. Beaucoup y sont nés, le quartier est près du centre de Mumbai, facilement accessible en transport en commun et le loyer est moins cher que tout ce qu’ils pourraient trouver dans les environs. Pour s’en sortir, les gens devraient s’éloigner du centre et payer beaucoup plus cher pour leur logement. Les très pauvres eux, doivent vivre dans la rue. Le bidonville reste trop cher.

Il est estimé que les activités commerciales de Dharavi génèrent 650 millions de $US annuellement. Dans les secteurs industriels, notons entre autres le recyclage du plastique, du carton et du métal, la couture, les pots en terre cuite, le travail du cuir et tout ce que les gens peuvent trouver pour amasser quelques roupies. Fouiller dans les poubelles à la recherche de matière recyclable est un travail comme un autre. Le tout n’est pas désorganisé, chacun mène sa propre petite affaire avec ses employés. Souvent, les employés sont logés gratuitement (à l’usine) et gagnent environ 4$ par jour. Loin des leurs pendant plusieurs mois, ce maigre salaire, sera envoyé dans leur famille, souvent établie dans d’autres régions d’Inde.

Il est difficile de vous décrire notre expérience. Toutefois, pour nous, les images et l’ambiance resteront à jamais gravées dans notre esprit. Les ruelles sont étroites, sombres même en plein jour, on s’y sent comme dans un labyrinthe. Pour passer d’un étage à l’autre, des échelles sont installées plus que des escaliers. Les familles habitent de minuscules logements, souvent dotées d’une seule pièce qui sert à la fois de salon, cuisine et chambre à coucher qu’ils doivent partager entre les 6 membres de la famille en moyenne. Les plus chanceux ont une toilette à l’intérieur. Pour les autres, il y a les toilettes communes.

À certains endroits, il y a des montagnes de déchets. Marcher sur un rat mort est une chose très fréquente.

Ayant grandi à Dharavi, notre guide nous racontait avoir eu une enfance très heureuse.

«J’avais plein d’amis pour jouer et on pouvait se promener partout. Dharavi était un grand terrain de jeu pour nous.»

En grandissant, ses yeux d’adultes voient ce que ses yeux d’enfants ne voyaient pas. Toutefois, il ne sait pas comment il pourrait partir de Dharavi. C’est chez lui et c’est comme ça.

C’est une réalité très dure que nous avons eue devant les yeux, des conditions de vie extrêmes aux antipodes de notre confort quotidien. Toutefois, nous avons vu beaucoup de sourires, les gens nous saluaient et les enfants jouaient un peu partout. Ici, à Dharavi, les gens vivent un quotidien qui leur est propre, qui est le leur depuis leur naissance et pour le reste de leur vie… La vie est difficile à Dharavi mais certains gardent espoir…

7 réflexions sur “Les extrêmes de Mumbai – partie 2: Bidonville

  1. Je trouve responsable de la part de l’agence d’interdire les photos et de fournir les siennes. Et si vous les avez payées… ben cou donc, ça fait rouler l’économie. C’est toujours un grand plaisir de lire vos aventures.

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  2. Quel bel article! Je me suis de nouveau sentie à Dharavi. Je m’attendais à ce que j’ai vu lors de la visite. Par contre j’ai été un peu bousculée dans mes valeurs en remarquant moi aussi la fierté du guide qui nous décrivait Dharavi comme étant un endroit bien. Pour eux, les vrais pauvres sont dans la rue et je crois qu’il a raison. Merci d’avoir partagé votre expérience!

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  3. Merci pour la générosité et le temps que vous apportez à nous faire partager vos aventures merveilleuses. Je voyage par osmose…un plaisir.
    Bonne continuation,
    Nicole Major

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